Art contemporain – Pour la quatrième année consécutive, la Nef du Grand Palais reçoit une œuvre monumentale d’un des plus grands sculpteurs contemporains, cette année l’artiste anglais d’origine indienne Anish Kapoor. Une fois encore la manifestation Monumenta nous offre une expérience inattendue, celle de vivre physiquement et psychologiquement une œuvre d’art.
Anish Kapoor est familier des œuvres monumentales, y compris en intérieur. Souvenez-vous de son œuvre de la salle des turbines de la Tate Modern en 2002, ou encore, en France, de son bloc de cire rouge mouvant de 17 tonnes dans la hall du Musée de Beaux-Arts de Nantes en 2007. Si l’artiste n’en est pas à son coup d’essai, celui-ci propose cette année au Grand Palais une œuvre d’une radicale nouveauté, qui suscite la surprise du visiteur. La structure en toile de PVC gonflée de près de 11 tonnes possède néanmoins les grandes caractéristiques des travaux de Kapoor : la couleur rouge, à la fois vive et profonde jusqu’à l’obscurité, qui « trempe le spectateur jusqu’aux os », et l’impression de liquide viscosité des formes et des matières, trapues et attirées vers la terre.
Le titre Leviathan fait référence, non pas à l’ouvrage de Thomas Hobbes, mais à la créature biblique aussi effrayante qu’indéfinie, qui avale voracement les âmes. C’est bien ce qu’évoque cette large outre rouge, silencieuse, impassible, et pourtant bien vivante, projetant sa bouche béante sur l’entrée de la Nef pour faire découvrir sa gorge rougeoyante à travers la membrane de laquelle apparaissent les structures de la verrières, et faisant reposer son corps ventru et obèse sur le béton du Grand Palais.
Cependant le Leviathan ne s’envole pas, mais il profite d’un bien joli hangar qui le dispense d’en sortir. A l’intérieur de la structure, le spectateur, honteux de sa petitesse, découvre la lumière tamisée, incandescente dans l’obscurité, de la verrière du Grand Palais. Un double réseau de structures en résulte, ajoutant aux coutures de la gigantesque peau, les ombres portées des poutrelles métalliques : la linéarité irréelle des maillages entre en conflit avec la sinuosité de la gorge, créant une atmosphère sans repère. D’extérieur, les formes et la couleur du Leviathan complètent avec brio les piliers, les poutres et les escaliers vert et jaune de style art nouveau du pavillon de l’exposition universelle de 1900.
Une seule œuvre, une riche expérienc
Une seule œuvre, cela peut paraître trop peu. Mais il ne faut pas s’y tromper, celle-ci représente une expérience complète. La double contemplation intérieure et extérieure crée une ambiance dont on ne s’extirpe qu’avec peine. La force de la matrice originelle, chaude et étroite malgré l’immensité du volume intérieur d’une part ; l’obésité ferme et menaçante d’une forme organique vue de l’extérieur d’autre part. Anish Kapoor a donné un visage à ce mystérieux Leviathan, et il nous donne l’opportunité de faire l’expérience de sa rencontre.
Honnêtement c'est l'œuvre de l'année 2011 et il faut courir à Paris la voir avant le 23 juin
Manifestation ouverte au public du 11 mai au 23 juin 2011
Adresse
Nef du Grand Palais - Porte principale
Avenue Winston Churchill 75008 PARIS
Horaires
Tous les jours, sauf le mardi
De 10h à 19h le lundi et le mercredi
De 10h à minuit, du jeudi au dimanche
Fermeture des caisses : 45 min avant la fermeture de l'exposition